La ventilation est un acte moteur survenant en trois phases successives identifiables en termes d’activité musculaire et nerveuse :
- l’inspiration,
- la phase post-inspiratoire ( frein initial du débit expiratoire par adduction glottique et une activité antagoniste des muscles inspiratoires. L’apparition de la post-inspiration se fait grâce à l’inhibition des neurones inspiratoires. Certaines cellules déchargent en fin d’inspiration, d’autres plutôt au début de la post-inspiration, ce qui expliquerait que la cessation d’inspiration ne soit pas brutale.
- l’expiration.
L’inspiration joue un rôle essentiel dans le ronflement du nourrisson
Pour cela, elle implique des muscles, des récepteurs et une commande neurale complexe étagée à plusieurs niveaux du système nerveux central.
L’inspiration nous préoccupe principalement dans ce chapitre sur le ronflement du nourrisson.
En inspirant, l’air doit cheminer par le nez, via les voies aériennes supérieures, avant de passer dans les poumons. Il ne faut pas de frein à ce cheminement, sinon le corps privilégiera la respiration buccale.
Le ronflement du nourrisson s’explique par une augmentation de la vitesse de l’air inspiré perturbant le flux d’air ce qui fait vibrer les parois de l’oropharynx (voile du palais et amygdales surtout). En cas de réduction de l’espace des voies respiratoires hautes par baisse trop importante du tonus musculaire pharyngé pendant le sommeil, la vitesse du flux inspiratoire augmente beaucoup, créant ainsi le ronflement du nourrisson.
Un jeu de muscles reliés aux voies aériennes supérieures et finement coordonnés entre eux et avec les autres muscles respiratoires permet de contrôler le diamètre et d’empêcher le collapsus des parties non-rigides des voies aériennes supérieures au cours des efforts inspiratoires chez le nouveau-né (Brouillette et Thach, 1979; Wilson et al., 1980).
La région pharyngée composée uniquement de tissu mou sans aucun support rigide représente classiquement l’endroit le plus souvent impliqué dans le collapsus et I’obstruction des voies aériennes supérieures chez le nouveau-né humain (Reed R. et al., 1985).
En situation normale, le pharynx demeure ouvert grâce à l’équilibre entre deux différentes forces : celles qui tendent à fermer le pharynx et celles qui tendent à l’ouvrir.
Le collapsus inspiratoire est fondé sur la perte d’équilibre entre les forces qui maintiennent le diamètre des voies aériennes et celles qui tendent à le réduire.
Trois mécanismes contribuent à la fermeture du tube pharyngé :
- la pression inspiratoire générée par l’action des muscles inspiratoires, essentiellement par le diaphragme.
- l’apesanteur pendant le décubitus dorsal, les tissus mous de la paroi antérieure du pharynx tendant plus facilement à s’affaisser et à se collaber à la paroi postérieure.
- l’action des muscles constricteurs qui, en se contractant, rétrécissent les diamètres antéropostérieur et transversal du pharynx.
Pression du flux inspiratoire :
La contraction des muscles inspiratoires (essentiellement le diaphragme) crée une dépression négative dans le pharynx, c’est-à-dire une pression subatmosphérique attirant du même coup l’air dans les poumons. Cette pression négative a tendance à fermer le conduit du tube pharyngé. Normalement, un mécanisme protecteur est mis en jeu avant même le début de l’inspiration par la contraction des muscles dilatateurs du pharynx. Ce mécanisme est aussi connu comme le réflexe de déphasage. L’activité électromyographique phasique des muscles dilatateurs précède celle des muscles respiratoires de quelques millisecondes (100 ms), ce qui protège le collapsus du tube pharyngé à l’inspiration. En fait, toute modification de l’activité des muscles dilatateurs du pharynx va modifier la collapsibilité du tube pharyngé. Ainsi, les activités toniques et phasiques des muscles du tube pharyngé diminuent avec le sommeil.
La perturbation du flux inspiratoire entraine donc le ronflement du nourrisson.
Plusieurs phénomènes peuvent contribuer à cela:
Nous distinguerons deux types de muscles respiratoires :
- les muscles « dilatateurs » des voies aériennes supérieures (alae nasi, génioglosse…), dont la contraction augmente le calibre des voies aériennes et diminue les résistances à l’écoulement de l’air.
- les muscles « pompes » (diaphragme, intercostaux, scalènes, sternocléidomastoïdiens, abdominaux) assurant la mobilisation des gaz dans les poumons. Grâce à une activation à l’inspiration précédant celle des muscles pompes (exceptés les abdominaux uniquement actifs lors des expirations forcées), les muscles dilatateurs préviennent le collapsus des voies aériennes supérieures liée à la pression négative générée par le diaphragme et les autres muscles participant à la fonction de « pompe » inspiratoire.
L’activité des muscles dilatateurs
La commande ventilatoire destinée aux muscles dilatateurs des voies aériennes supérieures est véhiculée par les nerfs trijumeaux (V), faciaux (VII) et grands hypoglosses (XII). Leurs motoneurones se trouvent dans leurs noyaux respectifs, au niveau du tronc cérébral. La commande ventilatoire peut à l’inverse être diminuée, témoignant d’un défaut de transmission de l’influx nerveux aux groupes musculaires respiratoires. Le tableau clinique comprend alors une diminution de la fréquence ventilatoire et/ou du volume courant, des ronflements témoignant d’une absence d’activité des muscles dilatateurs des voies aériennes. Le but de l’exercice n°1 est bien d’éliminer toute forme de tension au niveau des zones de sorties des paires crâniennes concernées.
L’air inspiré doit passer facilement à travers le nez. Nous savons en effet que la résistance nasale a une influence non négligeable sur le phènomène de collapsus, comme l’a montré le modèle de N. Gavriely et O.E. Jensen [Gavriely et al.93].
Le squelette nasal est constitué de deux parties :
- une partie osseuse, rigide, les os propres du nez, posée sur le massif facial comme une tente. Ces os sont relativement fins et fragiles.
- une partie cartilagineuse, souple, la pointe nasale, qui assure le soutien de la pointe du nez et participe à son galbe.
Cet ensemble ostéo-cartilagineux est soutenu par une cloison qui sépare les 2 fosses nasales :
La cloison nasale (septum) est, elle aussi, constituée de cartilage situé en avant, et d’os situé en arrière.
Squelette nasal
La cloison nasale est exceptionnellement plane et rectiligne, il existe toujours une déviation plus ou moins importante, liée aux contraintes exercées sur le cartilage par la croissance osseuse et celle du cartilage lui-même.
Mais parfois cette déviation est importante et va provoquer des difficultés respiratoires.
L’os nasal a une articulation avec l’os frontal en haut, une autre avec l’os ethmoïde en arrière et enfin une avec l’os maxillaire sur les côtés. Il faut travailler à la fois sa mobilité, et également favoriser le passage de l’air à l’inspiration en aidant le muscle releveur naso-labial: Exercice n°2
La respiration nasale est la seule physiologique, même si l’on peut respirer par la bouche. Par ailleurs elle est le siège des cellules sensorielles de l’odorat, qui participent à 90% à la perception du goût des aliments.
- Pour ne pas perturber le flux inspiratoire nasal, l’air doit passer facilement à travers les sinus:
- Les fosses nasales sont deux couloirs aériens, creusés dans les os de la face (maxillaires), séparés par une cloison verticale cartilagineuse (la cloison nasale) et ouverts en avant vers l’extérieur par les narines et en arrière sur le rhino-pharynx.
Pour assurer ces fonctions, les fosses nasales sont tapissées par une muqueuse respiratoire, humidifiée en permanence par des cellules spécialisées. Cette muqueuse recouvre des reliefs osseux, situés sur la paroi externe des fosses nasales : les cornets.
- Les cornets sont des formations osseuses, enroulées sur elles-même, en forme de cornet, d’où leur nom, et recouvertes par une muqueuse érectile qui gonfle alternativement d’un côté puis de l’autre toutes les 3 à 5 heures : c’est ce que l’on appelle le cycle nasal
- On dénombre 3 cornets de chaque côté : – le cornet inférieur, – le cornet moyen – et le cornet supérieur.
Le rôle des sinus dans le ronflement
ils sont séparés entre eux par des espaces appelés méats.
- Sous les cornets se situent les méats par lesquels communiquent les fosses nasales avec les sinus. L’air inspiré doit passer facilement à travers les sinus. Ce sont des cavités aériennes creusées dans le massif facial, recouvertes d’une muqueuse respiratoire, et reliés aux fosses nasales par un orifice de drainage qui s’abouche au niveau des méats. Elles sont disposées symétriquement. On distingue 4 localisations :
On distingue les sinus antérieurs, qui se drainent dans le méat moyen et qui sont de haut en bas
- Les sinus frontaux (se logent dans l’os frontal, au-dessus des orbites.)
- Les sinus ethmoïdaux (partie antérieure)
- Les sinus maxillaires ( creusés dans le maxillaire supérieur entre la cavité orbitaire et l’arcade dentaire supérieure). : Exercice n°3
et les sinus postérieurs qui sont d’avant en arrière :
- Les sinus ethmoïdaux (partie postérieure)
- Les sinus sphénoïdaux ( se situe en arrière des fosses nasales)
Les exercices de succion, permettent de travailler la mobilité des sinus postérieurs, par l’intermédiaire de l’os palatin et du vomer.
De plus la succion c’est à dire la préhension par les lèvres, permet de travailler la déglutition (il s’agit d’une méthode de rééducation de la déglutition lors des paralysies pharyngées), par le biais de la contraction des muscles pharyngées. Lors de l’inspiration, cette phase de relâchement est essentiel. C’est pourquoi, on va travailler leur contraction, pour s’assurer d’obtenir un bon relâchement ensuite: motricité fonctionnelle complète :Exercice n°4.
Le travail des muscles dilatateurs
La respiration nasale à l’inspiration est permise par un relâchement essentiel au niveau du pharynx. En effet, la pression négative induite par le diaphragme, lors de l’inspiration, ne doit pas collaber ce pharynx.Le ronflement est produit par la vibration du voile du palais et des parties molles pharyngées. Il est donc important d’avoir des muscles dilatateurs fonctionnels à ce niveau. En effet, un collapsus apparaît lorsqu’un déséquilibre entre la force générée par la contraction des muscles dilatateurs du pharynx et la pression inspiratoire négative apparait. Les muscles dilatateurs sont :
Au niveau de :
- l’oropharynx haut: l’ouverture se fait grâce à l’action du tenseur du voile
- l’oropharynx bas: La dilatation est assumée par les muscles génio-glosses et géniohyoïdiens (plus accessoirement) :
Le muscle génioglosse :
- Insertion ventrale : il s’insère sur l’apophyse mentonnière supérieure au niveau de la symphyse, sur la face interne de la mandibule
- Trajet : il s’étale en éventail de la pointe à l’extrémité postérieure de la langue,
- Insertion dorsale : il s’insère au niveau de l’os hyoïde.
Il tire la langue vers l’avant et vers le bas. Il permet aussi la dilatation du pharynx et évite le collapsus principalement lors de pression pharyngée négative.
Le muscle génio-hyoïdien :
- Insertion dorsale : il naît sur la face antérieure de l’os hyoïde
- Trajet : il se dirige vers l’avant en devenant cylindrique
- Insertion ventrale : il se fixe sur les épines mentonières inférieures au niveau de la face interne de la mandibule près de la symphyse mentonnière.
Os hyoïde fixe, il abaisse la mandibule. Mandibule fixe, il élève et avance l’os hyoïde.
Le muscle stylo-glosse :
- Insertion crâniale: il nait de la face antéro-latérale de l’apophyse styloïde de l’os temporal près de son extrémité et du ligament stylo-mandibulaire
- Trajet: il se dirige en avant, en bas et en dedans vers le dos de la langue où il se divise en deux faisceaux terminaux: un faisceau supérieur le plus important qui se dirige jusqu’à l’extrémité de la langue et mêle ses fibres avec celles du muscle supérieur longitudinal, un faisceau inférieur qui mêle ses fibres avec celles du muscle hyo-glosse.
Le muscle stylo-glosse attire la langue en haut et en arrière.
L’important est donc bien de restaurer la fonction des ces muscles de la paroi pharyngienne : Exercice n°5.
Les conséquences d’une mauvaise respiration :
Dans le cadre de la fonction respiratoire, les voies aériennes supérieures conditionnent l’air : Elles réchauffent (abondants capillaires du chorion de la muqueuse). Elles humidifient (cellules caliciformes et glandes muqueuses et séreuses). Elles dépoussièrent (celles ciliées, secrétions muqueuses).
Il importe de souligner que deux secteurs de ces voies aériennes supérieures, en plus de leur rôle de conduction aérienne, participent à d’autres fonctions très importantes :
– L’olfaction : pour la muqueuse olfactive des fosses nasales.
– La phonation : pour le larynx.
- En réchauffant l’air, elle créé un échange calorique, ce qui, en plus de ventiler l’air frontal, permet de le refroidir. Or, pendant le sommeil, ce refroidissement est primordial, et s’il ne se fait pas correctement, cela entraine une mauvaise qualité de sommeil. Votre enfant n’est pas reposé correctement et vous aurez un enfant énérvé et fatigué. Cela se résout lorsque cette ventilation s’effectue à nouveau correctement, permettant alors à votre enfant de dormir pleinement. (cf chapitre « sommeil » ). A défaut de refroidissement de l’aire frontale, votre enfant ou plutôt son corps va trouver une parade par la sudation au niveau de la tête.
- La respiration, si elle n’est pas nasale, devient buccale. L’air inspiré, n’est donc, ni filtré, ni humidifié, ni réchauffé par les sinus. Les conséquences sont ORL, et vous aurez un enfant qui enchainera les otites, les rhinites et autres affections du même ordre. De même, une mauvaise mobilité des sinus entraine un ralentissement du déplacement des mucus. En effet, lorsque l’on respire, les poussières inhalées par le nez se collent sur le mucus naturellement sécrété par la muqueuse respiratoire. Ce mucus est transporté en permanence, grâce aux mouvements ciliaires, vers l’arrière des fosses nasales. La stase du mucus infecté entraine des sinusites. Or les sinus frontaux, les sinus de l’ethmoïde et le sinus sphénoïdal sont proches des méninges d’où la sévérité potentielle d’une sinusite non ou mal traitée. Quand aux sinus maxillaires, ils sont en rapport très étroit avec les racines dentaires, d’où la fréquence des sinusites chez les bébés, lors d’une poussée dentaire, ou chez les enfants en bas âge ayant des foyers infectieux dentaires.
- la succion a un rôle important dans la mobilité des sinus postérieurs, et elle permet aussi de calmer son enfant. J’aborde ce sujet dans le chapitre « tension ». Allez le lire, il vous expliquera beaucoup de choses. Car là encore, calmer les tensions crâniennes sont essentiels pour lui. A défaut, cela stimule ses aires cérébrales.
- 3 phénomènes leur permettent d’apaiser ces tensions : la succion les vibrations (ballades en voitures, bercement) le pleur
Lorsque votre enfant, n’est pas bercé, et qu’il ne peut pas téter (tétine, doigt), il pleure….
Voilà pourquoi, il faut améliorer sa respiration nasale.
Très facile, en dehors, évidemment de tout malformation faciale, ou de toute pathologie. Mais votre médecin saura diagnostiqué cela de façon précoce. Si, pour lui, il n’a pas de souci majeur, alors, à vous de jouer….
La encore, n’hésiter pas à consulter un ostéopathe, pour améliorer cette mobilité sinusale et faciale. Cela facilitera d’autant plus vos exercices.
Réalisez des exercices chaque jour, et vous aiderez votre enfant à mieux respirez.
Voilà pourquoi, il faut améliorer sa respiration nasale.
Pour connaître les liens entre les exercices que j’indique et la mobilité que l’on doit améliorer pour permettre une bonne déglution chez le nourrisson :
https://baby-sante-formations.fr/professionnel-de-sante/
Il s’agit d’une formation que je fais sur les 12 principales problématiques de la petite enfance
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Bibliographie
• Atlas d’anatomie – Prométhée – Tête et neuro-anatomie, (Schünke, Schulte, Schumacher, Voll, Wesker) Editions Maloine
• Physiologie Humaine, Sherwood, 2e édition. De Bœck
• Voies nerveuses et physiologie de la phonation, EMC (Elsevier Masson, Paris), 1994.
• Le ronflement chez l’enfant, François (M.), 2006