- 1- Apparition de l'attitude en torticolis :
- 2- Restauration de la mobilité du rachis cervical
- 3- Restauration de la mobilité du rachis dorsal
- 4- Libérer le corps des contraintes intra-utérines
- 5- Libération du système fascial
- 6- Intégrer des jeux actifs pour une libération durable
- 7- Les causes de l’attitude en torticolis
- 8- Différenciation scientifique du torticolis
- 9- Bibliographie :
1- Apparition de l’attitude en torticolis :
A- Comprendre l’attitude en torticolis : approche physiologique
L’attitude en torticolis se développe dans des conditions particulières, pouvant survenir soit avant la naissance (torticolis primaire), soit au moment de l’accouchement (torticolis secondaire).
Si l’on observe généralement le positionnement asymétrique de la tête, il est important de noter que cette posture s’accompagne souvent d’une rotation compensatrice du reste du corps, orientée dans la direction opposée.
B- Attitude en torticolis et adaptation intra-utérine
Durant la grossesse, cette posture peut être considérée comme une réponse normale aux contraintes de l’environnement intra-utérin. L’espace restreint dans l’utérus, associé à des tensions utérines et à une diminution de l’élasticité du bassin maternel, impose au fœtus des ajustements posturaux. Ces contraintes peuvent engendrer une pression suffisante pour maintenir cette position après la naissance.
C- Caractéristiques biomécaniques de l’attitude en torticolis
L’attitude en torticolis se définit par une inclinaison de la tête associée à une rotation controlatérale. Cette configuration peut être expliquée par la loi de Fryette, notamment le principe de NSR (« Neutral Side-Bending Rotation »), qui décrit une dysfonction en inclinaison latérale et rotation opposée. Cependant, cette loi biomécanique suscite actuellement des débats et des avis divergents au sein de la communauté scientifique.
D- Restaurer la mobilité de l’occiput
Pour corriger cette posture, il est essentiel de restituer la mobilité de l’occiput, que la limitation concerne la flexion ou l’extension. Des études récentes ont mis en évidence que les surfaces articulaires de l’articulation occipito-atloïdienne sont non congruentes et non concordantes. Dans ce contexte, le rôle principal de l’atlas serait de prévenir les glissements de l’occiput, formant ainsi avec lui une unité fonctionnelle où le seul mouvement physiologique observable est la flexion-extension. En effet, la rotation occipito-atloïdienne ne peut être objectivée par imagerie scanner.
L’objectif thérapeutique est donc de restaurer pleinement ce mouvement.
🔹 Exercice n°1
2- Restauration de la mobilité du rachis cervical
Pour que l’enfant retrouve un confort optimal dans ses mouvements, il est essentiel de restituer la mobilité du rachis cervical, lui permettant ainsi d’être à l’aise aussi bien en rotation gauche qu’en rotation droite.
A- Dynamique du rachis cervical inférieur
Au niveau du rachis cervical inférieur, la configuration des articulations zygapophysaires et la présence de la lordose cervicale entraînent une contrainte biomécanique spécifique : toute inclinaison latérale s’accompagne inévitablement d’une rotation homolatérale et d’une légère extension.
Cependant, il est fréquent d’observer chez les nourrissons une posture inverse, avec une inclinaison de la tête opposée à la rotation.
B- Approche biomécanique de l’attitude en torticolis
Afin de mieux comprendre cette posture, une explication biomécanique simplifiée peut être utile. En inclinaison latérale, la colonne vertébrale tend à s’engager vers la convexité, tandis que les corps vertébraux se déplacent en conséquence sous l’effet de la gravité.
Ce raisonnement biomécanique se rapproche de la deuxième loi de Fryette, et s’appuie sur le modèle biomécanique de Bogduk (médecin australien de l’Université de New South Wales).
C- Le modèle biomécanique de Bogduk
Bogduk, après avoir compilé un grand nombre d’études scientifiques, a démontré que les premiers degrés de mouvement du rachis cervical se réalisent autour d’axes de rotation instantanés (ARI). Ces ARI se situent principalement au niveau des plateaux vertébraux et des disques intervertébraux, traduisant la combinaison des mouvements de rotation et de translation propres à chaque pièce osseuse.
Lorsque l’amplitude du mouvement augmente, ces axes de rotation instantanés se déplacent au niveau des zygaphophyses, mais selon un mécanisme différent de la simple couverture/découverture articulaire. Il s’agit plutôt d’un phénomène de compression/distraction du cartilage articulaire, qui peut atteindre jusqu’à 2 mm d’épaisseur au niveau lombaire, correspondant à une rotation d’environ 3° à ce niveau.
Ce modèle vient ainsi accréditer partiellement la première loi de Fryette, en positionnant la zygapophyse comme un élément central dans les mouvements de grande amplitude.
Enfin, Bogduk met en évidence un mécanisme combiné de roulement et de glissement dans la même direction, démontrant ainsi l’importance des ligaments et des muscles dans le contrôle et l’adaptation constante de la biomécanique rachidienne.
D- Restaurer la mobilité et favoriser le relâchement musculaire
Pour une prise en charge optimale, il est tout aussi important de restaurer la mobilité du rachis cervical que de favoriser un travail musculaire ciblé. Cela passe notamment par des exercices d’activation et de relâchement musculaire, permettant de libérer les tensions et de rééquilibrer le mouvement.
🔹 Exercice n°2 :
3- Restauration de la mobilité du rachis dorsal
Il est essentiel de restituer la mobilité du rachis dorsal, pour les mêmes raisons évoquées précédemment. En effet, lorsque les mouvements de roulement et de glissement dans le même sens sont limités, le rôle des ligaments et des muscles, qui contrôlent et influencent la biomécanique du squelette, devient moins efficace. Cette restriction affecte directement la mobilité des membres supérieurs.
🔹 Exercice n°3 :
4- Libérer le corps des contraintes intra-utérines
Durant la grossesse, le corps du bébé s’adapte progressivement à l’espace restreint de l’utérus maternel. Cette contrainte le conduit à adopter une position préférentielle, qui peut perdurer après la naissance et se traduire par une attitude en torticolis.
Concrètement, cette posture se manifeste par :
• Une inclinaison de la tête d’un côté et une rotation controlatérale.
• Un corps qui suit cette dynamique, s’inclinant du côté de la rotation de la tête et se tournant à l’opposé.
Ce schéma postural donne alors une configuration globale en virgule, avec la tête tournée d’un côté et l’ensemble du corps incurvé en sens inverse.
A- Les tissus effecteurs du mouvement et leur adaptation
Les différents tissus effecteurs du mouvement – os, cartilage, muscles, tendons, ligaments – possèdent chacun leurs propriétés biomécaniques spécifiques.
Ces tissus sont en réorganisation permanente, s’adaptant continuellement aux contraintes qu’ils subissent. Cependant, lorsque ces contraintes deviennent trop importantes, un déséquilibre peut s’installer.
À ce stade précoce du développement, il n’est pas encore question de pathologie à proprement parler. Toutefois, cette adaptation posturale peut progressivement structurer le schéma postural de l’enfant. Il pourra grandir et évoluer sans difficulté majeure, mais son plein potentiel moteur ne sera pas exploité, l’amenant à une perpétuelle compensation posturale.
Pour éviter cette adaptation limitante, il est donc primordial de restaurer la mobilité de l’ensemble des tissus et d’assurer une libération optimale des mouvements.
🔹 Exercice n°4 :
5- Libération du système fascial
Il est essentiel de libérer le système fascial des contraintes qu’il a subies.
Les fascias enregistrent et mémorisent les contraintes exercées sur eux, influençant ainsi l’asymétrie et la morphologie du corps, notamment dans l’attitude en torticolis.
Les traumatismes liés à l’accouchement ou aux contraintes de la grossesse fonctionnent comme une presse, appliquant des forces qui, si elles sont trop importantes, densifient les tissus. Cette densification crée des zones de ralentissement de croissance, pouvant être à l’origine de plagiocéphalies (cf. l’article sur #plagiocéphalie).
Pour restaurer une bonne mobilité et un équilibre tissulaire, le fascia peut être déroulé et étiré afin de faciliter sa libération.
🔹 Exercice n°5 :
6- Intégrer des jeux actifs pour une libération durable
Pour assurer une libération complète et durable, il est essentiel d’intégrer des jeux actifs dans le quotidien du bébé.
À la naissance, un nourrisson possède peu de force au niveau du cou. Son système musculaire est encore immature, et ce sont principalement les fascias qui dominent la dynamique corporelle.
Vers 2 à 3 mois, les muscles du cou deviennent progressivement plus efficaces pour préparer la verticalité. À ce stade, les muscles myofasciaux sont particulièrement sollicités, participant activement au développement moteur. C’est également à cette période que l’on observe des progrès significatifs dans la mobilité de la tête.
Encourager l’enfant à explorer ses mouvements à travers des jeux adaptés favorisera une harmonisation du tonus musculaire et une meilleure intégration posturale.
7- Les causes de l’attitude en torticolis
A- Pressions intra-utérines et torticolis primaire
Durant la grossesse, le bébé subit différentes pressions qui peuvent influencer son positionnement et entraîner une attitude en torticolis primaire, parfois associée à une plagiocéphalie secondaire.
Le manque d’espace dans l’utérus et la pression exercée sur la tête du fœtus à un même endroit constituent des facteurs évidents. Cependant, plusieurs éléments peuvent influencer la tension utérine, favorisant ces contraintes :
• Une prise prolongée d’hormones contraceptives chez la mère, pouvant modifier la souplesse des tissus.
• Un âge maternel plus avancé lors de la première grossesse, réduisant l’élasticité utérine.
• Une grossesse gémellaire, limitant l’espace disponible pour chaque bébé.
B- Contraintes mécaniques lors de l’accouchement
Au moment de l’accouchement, le bébé peut être soumis à des pressions importantes sur le crâne, favorisant le torticolis ou une plagiocéphalie.
Différents paramètres peuvent expliquer ces contraintes :
• Une faible élasticité du bassin maternel, pouvant être liée aux hormones contraceptives ou à un âge plus avancé lors de la première grossesse. Lorsque l’enfant s’engage dans le col, la pression exercée par les contractions, combinée à une élasticité tissulaire réduite, peut influencer la forme du crâne et d’autres structures comme les épaules, clavicules et bassin.
• L’expression utérine, c’est-à-dire la pression exercée manuellement sur le ventre de la mère pour faciliter l’expulsion du bébé, qui peut être nécessaire mais générer des contraintes mécaniques importantes.
• L’utilisation de spatules ou de ventouses, parfois indispensables pour faciliter l’accouchement, mais pouvant aussi exercer une pression accrue sur le crâne du bébé.
C- L’installation progressive de l’attitude en torticolis
Ces contraintes périnatales ne provoquent pas toujours des déformations immédiates, mais elles peuvent conditionner la posture du nouveau-né, favorisant une attitude préférentielle en torticolis.
Si, malgré une pratique assidue des exercices recommandés, aucune amélioration n’est perceptible, il est alors essentiel de consulter un pédiatre afin d’évaluer la situation et d’adapter la prise en charge.
8- Différenciation scientifique du torticolis
Le torticolis est une atteinte unilatérale caractérisée par un raccourcissement et une contracture du muscle sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien (SCOM). Il se manifeste par une attitude posturale asymétrique, associant :
• Une flexion latérale de la tête du côté du muscle atteint.
• Une rotation de la tête du côté opposé.
Dans la littérature scientifique, le torticolis est nommé en fonction du côté de l’inclinaison de la tête. Selon une étude prospective de Stellwagen (2008), un nouveau-né sur six présenterait un torticolis.
A- Torticolis musculaire et pseudotumeur du SCOM
Dans certains cas, il est possible de détecter une pseudotumeur du SCOM, située majoritairement dans le tiers inférieur de la portion sternale du muscle. La prévalence de cette pseudotumeur varie selon les études :
• 28,2 % selon Cheng et coll. (2000).
• 47,2 % selon Wei et al. (2001).
Les principales causes du torticolis musculaire évoquées dans la littérature sont :
• Un manque d’espace intra-utérin dans les dernières semaines de gestation.
• Un traumatisme à l’accouchement, notamment en cas d’utilisation de ventouses ou forceps (Herman, 2006).
B- Torticolis non musculaire : autres origines possibles
Il existe également des torticolis dont l’origine n’est pas musculaire, mais neurologique, osseuse ou médicale. Ces torticolis peuvent être liés à :
• Des malformations osseuses.
• Des troubles neurologiques.
• Des affections médicales spécifiques : troubles oculaires, auditifs ou alimentaires, entre autres.
La prévalence des torticolis non musculaires est estimée à 18 % (Berlin, 2001).
Importance du dépistage précoce
Un dépistage précoce est déterminant pour l’évolution et la récupération du torticolis. Cliniquement, il est admis que le torticolis est étroitement lié à la plagiocéphalie.
Dans les cas où les interventions classiques ne permettent pas d’améliorer la situation, d’autres alternatives thérapeutiques peuvent être envisagées, telles que :
• Injection de toxine botulique (Botox).
• Collier TOT.
• Intervention chirurgicale, en dernier recours.
Pour connaître les liens entre les exercices que j’indique et la mobilité que l’on doit améliorer pour permettre le nourrisson de l’attitude en torticolis :
https://baby-sante-formations.fr/professionnel-de-sante/
Il s’agit d’une formation que je fais sur les 12 grands motifs de consultations en ostéopathie pédiatrique:
Coliques, endormissement, sommeil, plagiocéphalie, digestion, constipation, régurgitation, ronflement, succion, déglutition, tensions et pleurs incéssants.
9- Bibliographie :
- Physiologie Humaine, Sherwood, 2e édition. De Bœck
- Still, A.T. (1998) – Autobiographie (1897). (P. Tricot, trad.) France : Éditions Sully
- Précis d’anatomie médico-chirurgical, Patel (M.) et Creyssel (J.)
- Anatomie – L’abdomen, Bouchet (Alain) et Cuilleret (Jacques).
- Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle. Bouchet (Alain) et Cuilleret (Jacques)
- Physiologie articulaire – Tronc et rachis, Kapandji (I.A.)
- Cahier d’anatomie – Abdomen, Perlumutier (L.) et Waligora (J.)
- Atlas d’anatomie humaine, Netter (F.H.)
- L’Ostéopathie dans le traitement des têtes plates ou plagiocéphalies, Lessard (S.), Thiffault (M.), Trottier (N.)Journal d’ostéopathie.
- La plagiocéphalie mise à plat : comprendre, diagnostiquer, évaluer, L’ostéopathie magazine (novembre/décembre 2013).
- Plagiocéphalie et torticolis chez le nouveau-né, Jean Ducourneau. Editions Frison Roche.
- Ostéopathie pédiatrique, Nicette Sergueff. Editions Elsevier.
- Muscles et facias, Marie Faruch-Bilfeld, SIMS 2021, Sauramps medical.